Pourquoi BarrBra?



À la demande de plusieurs de mes invités qui me demandent pourquoi mon commerce s'appelle BarrBra ? 



Mon amour profond pour les chiens remonte à aussi loin que je me souvienne. Il m'est encore impossible d'imaginer vivre sans avoir un chien à mes côtés. Sans eux, je me sens vide, nu. Quand j'étais jeune, je ne pouvais pas m'occuper des chiens de notre famille comme je l'aurais voulu. Je me suis alors fait une promesse. Je m'occuperai de mes chiens jusqu'à leur mort. Je leur donnerai la plus belle vie possible. Je leur serai fidèle comme ils le sont envers moi.

En 2012, mon fidèle ami à quatre pattes Gus a perdu sa compagne de vie Bertha, un berger anglais comme lui, avec qui il partageait sa vie depuis sa naissance. Je n'ai jamais aimé que mes chiens soient seuls. La vie est plus belle à deux. Quoi qu'il en soit... Me voici donc à la recherche d'un compagnon de vie pour Gus. Un berger anglais de 45 kg rempli d'innocence et d'un amour si profond qu'il semble partager sa vie avec un humain.

Gus a été l'un des plus grands amours de ma vie.

VOICI BARRBRA ET GUS QUELQUES JOURS AVANT LEUR ARRIVÉE AU PANAMA.



Me voilà donc à chercher dans les journaux et les centres de refuge un compagnon pour Gus. Ce qui est bon à savoir, c'est que je suis allergique aux poils de chien normaux. Je dois donc partager ma vie avec des chiens à poil laineux. Comme ça je peux dormir avec eux.
J’ai trouvé un caniche royal à vendre pas très loin de chez moi. Jamais de ma vie je n'ai pensé avoir cette race de chien d'allure snob et beaucoup trop précieuse pour moi…… moi qui suis plutôt, disons-le : sans classe. Je décide de prendre rendez-vous avec son propriétaire. La chienne se nomme alors Bella. C'était le temps de la série Twilight.


La rencontre se passe moyennement. Elle a 1,5 ans. Je suis assis par terre pour l'approcher, elle est peureuse et impossible de la laisser sans laisse à l'extérieur car elle se sauve à tout moment. Après quelques heures et plusieurs tentatives de rapprochement, je finis par être capable de l'approcher. Je repars avec elle. Elle sera la nouvelle compagne de Gus.


Mais une chose est certaine, je dois lui trouver un autre nom. Je ne me vois pas crier dans un parc... Bella… Bella, bon j'ai beau être homosexuel mais il y a un bout à se ridiculiser. Me voilà donc à la recherche d'un nouveau nom. Évidemment, je voudrais bien que celui-ci se termine par un "a" pour lui rendre l’adaptation plus facile. Greta me vient alors à l'esprit, j'adore les vieux noms comme celui-ci. Cependant, Chantal M. (mon âme sœur) m'interdit formellement de lui donner ce nom car les représailles seront lourdes pour notre amitié, lol. Elle déteste ce nom.

J’ai pris l’habitude de laisser de la musique dans la maison quand je n’y suis pas pour accompagner mes chiens. J'aime penser que cela leur plaît. Un soir, j'arrive à la maison avec Chantal et dès l'ouverture de la porte, une chanson de Barbra Streisand joue à la radio. D'un éclair, mes yeux entrent en contact avec ceux de Chantal. Et on se dit en même temps... "BarrBra". "BarrBra" est née à ce moment précis. Mais je déteste la prononciation de Barbara en français... je veux que ça sonne comme en anglais alors... je décide d'ajouter un R et d'enlever le A après le B pour faire : "BarrBra". Je suis heureux et Chantal aussi.

Les mois passent et "BarrBra" n'est toujours pas la chienne la plus facile à vivre. Elle vole de la nourriture sur le comptoir, s'enfuit à chaque occasion, n'est pas toujours sympathique avec les autres chiens ou les humains. Bref, elle est une vraie Bitch.


Un soir, Chantal m’invite à dîner chez elle avec des amis. En discutant au téléphone, je lui exprime mon désarroi envers "BarrBra". Chantal elle, est en amour avec "BarrBra" depuis la première minute. Normal, elle ne vit pas avec elle. Elle me lance alors, "Marco, apporte-la moi, je vais en prendre soin". Je saute immédiatement sur cette occasion en or pour m’en débarrasser. Je me suis donc mis à préparer les affaires de "BarrBra" pour sa nouvelle vie. Je suis arrivé chez Chantal avec sa valise. Pendant la soirée, je me suis retrouvé avec des amis dans le garage à discuter. Quand je suis rentré à la maison, "BarrBra" était là, devant la porte, les yeux ronds, comme si je l'avais trahie et abandonnée. Mon cœur s'est brisé en deux. J'ai refait sa valise et suis reparti avec elle. La salope.

VOICI BARRBRA



En 2015, je me préparais à partir pour Bocas. À ce moment-là, je vivais avec trois chiens : Fanny, une Goldendoodle qui appartenait à mon colocataire et grand ami Michel, BarrBra et Gus. Michel avait trouvé un appartement mais ne pouvait pas emmener Fanny. Le problème était que j'étais amoureux de Fanny et Gus, mais pas de la Bitch... oups, BarrBra. J'ai donc décidé de partir au Panama avec Fanny et Gus, et de trouver un foyer pour BarrBra, ce qui s'est rapidement produit. J'ai passé une journée avec une formidable famille pour leur présenter BarrBra. Elle était drôle, joueuse et aimante. Bref, elle était à la hauteur de la situation et m'a fait sentir mal de vouloir la donner une seconde fois. Ils sont évidemment tombés sous son charme et ont décidé de l'adopter. Malgré tous mes efforts, je me suis retrouvé face à une impasse. La promesse que je m'étais faite de ne jamais abandonner mes chiens me hantait et me déchirait l'âme. Je savais que si je ne tenais pas cette promesse, je le regretterais toute ma vie. Je ne pouvais pas trahir la confiance et l'amour que mes chiens m'avaient donnés. C'était impossible. J'ai donc rappelé la famille pour leur annoncer que cela ne se ferait pas et que j'en étais incapable. Finalement, Fanny est devenue leur chien de compagnie. Encore aujourd'hui, Fanny me manque.


VOICI FANNY



BarrBra et Gus m'ont rejoint deux mois après mon arrivée à Bocas. Entre-temps, j'avais trouvé une maison avec un grand jardin au milieu de l'île de Solarte. Gus se faisait vieux, il avait déjà 11 ans. J'ai passé des mois à me demander s'il allait survivre à ce voyage.

Je m'en voulais tellement de l'avoir impliqué dans cette histoire. Mais Gus était mon amour, mon fidèle compagnon, mon ombre. Impossible de partir sans lui.
Nous sommes en janvier 2016, et je suis à Bocas depuis le 20 septembre 2015. La vie n'est pas facile ici, et les défis sont nombreux. Je suis arrivée dans un piteux état dû à mes années de travail acharné, et je suis en plein burnouT.


À la fin du mois de décembre 2015, Chantal me rend visite. Je suis à bout de souffle, elle le sait, et elle vient me soutenir. Un après-midi, je suis dans le jardin avec Gus, et nous jouons au ballon. Soudain, il tombe sur le côté et ne marchera plus jamais. Je crie à Chantal : "Chantal, Gus va mourir !". Nous avons dû attendre trois jours pour que le vétérinaire vienne soulager Gus. Nous avons allongé Gus sur un matelas dans le salon et avons passé trois nuits et trois jours à nous occuper de lui. BarrBra était toujours respectueuse de lui et de son espace, comme si elle comprenait ce qui se passait.


Nous avons finalement réussi à atteindre le vétérinaire. À l'époque, l'Internet et les téléphones portables n'étaient pas aussi efficaces qu'aujourd'hui. Le vétérinaire a dû prendre un bateau et se rendre en plein milieu de l'île. Gus est parti doucement le 6 janvier 2016, emportant avec lui une partie de moi. Je n'aurais jamais imaginé devoir creuser un trou pour la dernière demeure de mes chiens. Jamais. Nous voilà, Chantal et moi, au soleil, à creuser un trou pour Gus, entre les sanglots et parfois... les cris.

Je ne crois pas en Dieu, mais parfois la souffrance nous pousse à bout. Chantal et moi avons déposé une noix de coco sur la tombe de Gus et lui avons dit : "Gus, fais pousser cette noix de coco, fais-en un arbre digne de ton nom. Embellis ce beau jardin où tu reposes.
Chantal est finalement rentrée à Montréal.

Voici Gus



J'ai passé près de deux mois seul avec BarrBra sur Solarte. Chaque jour, nous rendions visite à Gus. Nous nous asseyions sur l'herbe en silence, tandis que les fourmis nous dévoraient les jambes. BarrBra ne courait plus après la balle. Nous vivions notre deuil.

Quelques jours après le décès de Gus, j'avais trouvé une maison à Saïgon. Nous avons déménagé le premier mars 2016.

Avant de quitter Solarte, la noix de coco que nous avions posée sur Gus s'est ouverte pour laisser émerger une petite pousse. J'aime croire que Gus y est pour quelque chose. Il vit toujours en moi à travers ce palmier que j'ai apporté ici. Vous pouvez le voir se balancer au vent tout au bout de la terrasse à droite, saluez-le de ma part.

Nous sommes donc arrivés dans notre nouvelle maison, BarrBra et moi. Je n'avais pas de temps à perdre. Je devais ouvrir rapidement l'hôtel pour avoir un revenu, mais il fallait toujours avoir un nom pour les papiers légaux, etc.

Je ne crois pas en la vie éternelle, et je ne parle pas non plus à ceux qui nous ont quittés en levant les yeux au ciel. Mais je les garde en moi. J'ai toujours cru que nous vivons tant que nous sommes dans la mémoire d'un être humain. J'ai regardé BarrBra et je lui ai dit : "BarrBra, tu vas vivre longtemps. Mon commerce portera ton nom en ton honneur et en celui de tous les chiens que j'ai eus et que j'aurai dans ma vie. Ton nom résonnera dans la mémoire des gens sur tous les continents.. Tu survivras à ton départ.

C'est au fil des mois qui ont suivi que la vraie nature de BarrBra s'est révélée. En recevant des gens à la maison, elle est devenue cette chienne adorable, chaleureuse et douce. Elle avait enfin trouvé le sens à sa vie : prendre soin des gens. Elle était exactement ou elle devait être.


Loulou est entrée dans notre vie quelques années plus tard, toujours avec l'idée en tête de trouver une compagne de vie pour BarrBra. Vous pouvez imaginer que BarrBra a été assez agaçante et désagréable pendant quelques semaines avant de tomber amoureuse de Loulou, qui était elle aussi une petite peste quand elle était bébé. Son surnom à l'époque était "Tornado".


BarrBra est toujours présente en moi aujourd'hui. Elle a été une compagne extraordinaire, tant pour le travail que pour la vie quotidienne. Elle a charmé chaque invité, même les plus réticents. Je me souviens encore de la fois où nous avons reçu des invités qui avaient une peur atroce des chiens. Je regardais BarrBra et lui disais "C'est à toi de jouer". À deux reprises, j'ai retrouvé ces mêmes clients couchés par terre avec BarrBra, jouant avec elle et lui faisant des câlins. Elle avait encore réussi à charmer. Nous formions une équipe du tonnerre.


Elle nous a quittés en septembre 2022 à l'âge de 15 ans. Elle aura su planter tellement d’amour et de douceur dans le cœur des gens. Elle n'a pas été malade longtemps, seulement 4 jours. Elle refusait de manger de la pizza. À ce moment-là, j'ai su que la fin était proche. J'ai appelé mes amis, ces amis, et j'ai organisé une journée à Playa Estrella, sa plage préférée. Fatiguée, sans trop d'énergie, elle était assise à côté de moi regardant la mer. Elle savait que c'était la dernière fois qu'elle la voyait.


Deux jours plus tard, le vétérinaire est venu à la maison pour soulager BarrBra. Elle était couchée à l'entrée de la maison et j'étais assis à ses côtés, sa tête reposant sur mes cuisses pendant que je lui grattais l'arrière des oreilles. Elle était bien, avec ses meilleurs amis à ses côtés, Loulou en retrait et respectueuse. BarrBra nous a quittés en douceur.

Mes amis Clément et Camille ont un magnifique hôtel à San Cristobal.

En réalité, je rêve de finir mes jours dans cet endroit. J'adore. Je leur ai demandé si je pouvais avoir un espace dans leur immense jardin pour BarrBra.

Nous avions tous préparé, donc quelques minutes après le décès de BarrBra, René, mon capitaine et ami, est arrivé à la maison pour le dernier tour en bateau de BarrBra. Vous pouvez imaginer que je n'étais pas capable de faire grand-chose. Heureusement, mes amis Pierre, Gen, et Marjo ont tous pris les choses en main. Je n'ai que peu de souvenirs de ces quelques heures.

Une fois arrivés à San Cristobal, nous avons trouvé un endroit magnifique pour le dernier repos de BarrBra : une butte sous un immense arbre offrant une vue imprenable sur la mer. Nous avons apporté une chaise pour que Gen puisse s'asseoir avec sa guitare et nous accompagner de sa magnifique voix tout au long de l'enterrement. Camille avait également préparé un immense bouquet de fleurs. Un immense merci !

En saluant mon amoureuse pour la dernière fois,

je me suis dit : "Marco, combien de personnes ont le privilège de quitter cette terre entourées des gens qu'elles aiment, dans la douceur d'un câlin, dans un endroit aussi magnifique ?" Très peu !

J'étais en paix. Repose-toi belle amoureuse.

Je n'ai pas pleuré depuis, sauf aujourd'hui, le 13/04/2023 à 15h46.

Merci de m'avoir lu.

J'ai le privilège d'être entouré de personnes extraordinaires dans ma vie.

Un immense merci à ma famille et à mes amis.

Je vous aime.

Marco


Plusieurs personnes importantes faisant partie de cette histoire ne sont pas mentionnées dans ce texte simplement pour le rendre plus accessible aux personnes qui ne me connaissent pas personnellement.  


Vous vous reconnaissez.

Je pense à vous et je vous remercie du fond du cœur, car sans vous, rien de ce que je vis en ce moment ne serait possible.

Car s'il est vrai que cela prend un village pour éduquer un enfant, cela prend des gens extraordinaires autour de soi pour réaliser ses rêves.